En Belgique, pour le débardage les chevaux sont toujours menés au cordon (corde
partant des deux coté du mors et se rejoignant sur l’encolure, le meneur n’a qu’une
“ficelle” en main). C’est une technique de menage qui allie la voix et la main.
On peut être très précis dans les ordres donc voici les principaux :
“AIE” (avance)
“ARR” (à gauche)= petite traction continue sur le cordon
“YEUH” (à droite) = petits à coups régulier sur le cordon
“HO”(stop) = traction continue assez ferme sur le cordon
Il faut utiliser les différents ordre de manière subtile, ainsi pour tourner à droite,
on ne dira pas « yeuh » mais plutôt « aie yeuh », …
Le cheval doit aussi pouvoir faire un seul pas quand on lui dit « un pas », « pas »,
ou « ptit pas »… on peut aussi reculer en ligne droite ou en tournant simplement
en donnant l’ordre « recule » à la voix et en l’accompagnant de la direction avec le cordon…
Pour mieux comprendre les subtilités, voici le témoignage de Pierre Demerville, charretier entre 1936 et 1951, recueilli par Marcel Mavré*:
« …utiliser à bon escient, soit la voix, soit le cordon, et ça cela ne s’improvise pas, c’est toute une « science » un métier long à apprendre finalement ! (…) il me fallait « affiner » ma manière de mener au cordon et de trouver la bonne coordination comme l’on dit aujourd’hui entre la « ficelle », la voix et le silence !
Oui, le silence car quand ton « attelée » « carbure » à fond il faut la laisser aller et
pas secouer le cordon de façon intempestive et pas « gueuler » pour le plaisir de se montrer, avec des chevaux dressés, rompus à un travail harassant il fallait seulement beaucoup de doigté avec le « cordon »…
Avec les guides tu n’as pas de liberté d’action, tes 2 mains sont prises et puis pour la sécurité comme on la veut aujourd’hui rien ne vaut le cordon ; si tu le lâches, la « corde » ne risque pas de s’accrocher ou de se bloquer sur un obstacle, il glisse, se faufile, n’accroche pas… Une paire de guides, c’est autre chose !
Tu me dis mon gars, qu’en Amérique, les guides sont en deux morceaux, séparés en deux ? Alors ça c’est bien, mais pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple, hein, dis moi un peu ! Quand une « ficelle » suffit !
(…) le cordon, à force d’expérience, tu ne dois plus le sentir dans la main, il doit pouvoir te passer de la main gauche dans la droite et vice versa, d’instinct, naturellement, en fait tu dois le faire « disparaître » de ta tête … »
*Marcel Mavré, Attelages et Attelées, Edition La France Agricole, 2004.